Ultras : L'histoire depuis 1984
31 août 1984 : le jour où tout commença
"Dix ans, ça ne nous rajeunit pas", me dit-il. Je suis allé à la rencontre de notre passé, j'ai balayé les années pour me retrouver un certain jour d'août 1984, un vendredi 31. Ils avaient tous dix ans de moins, et pour certains ce fut une année charnière, celle qui bouleverse une vie entière.
Mais pour plus de détails, il me fallait parler avec ces gens-là, ceux qui, entraînés dans un tourbillon de folie, allaient créer le Commando Ultra. Et comment ne pas, tout d'abord, leur tirer un immense coup de chapeau, à eux, à la vraie "Vieille Garde", à Féfé et Gim de La Ciotat, à Franck, aux frères Thion, à Michel et Jean-Claude, Louis, Damien et Manu, Malléa, Jean-Phi et Pedro, Sting, Lionel, Franck, au Corse et au Postier, à Gaillard dit "le Chaudronnier", à Mariani, Francis, Pelissier et Pierre F., à Marco, et bien entendu à Marc, notre oncle à tous. Et si l'on se plaît à dater les événements, parce qu'il faut le faire, il est tout aussi juste de souligner que la création des Ultras est antérieure à ce jour: "Pour exister, il ne faut pas forcément un nom; une bonne cohésion suffit et celle-ci était effective depuis presque un an". Elle remonte au temps de la deuxième division, quand un groupe de supporters décida de se démarquer du Virage Nord en allant au Quart de Virage Nord Jean Bouin. Au début de la saison suivante, ils changèrent encore, émigrant au Quart de Virage Nord Ganay, et plus exactement sur la droite de la tribune, entre la bouche d'accès et le grillage. Tous réunis et déjà bien équipés, (tambours, drapeaux, mégaphones et petite voile...), il ne manquait plus qu'un nom pour être reconnus par tout le monde, et surtout les dirigeants du club, Carrieu étant le président de l'époque.
Et c'est donc le 31 août 1984 que tout se décida. Enfumés par "les merquez qui grillaient aux abords du Vel", ils assistèrent à une bien piètre mi-temps (1 à 0 pour le Racing), dans le mutisme le plus complet. Comment eux, les plus acharnés, pouvaient-ils être réduits au silence? Les abonnés du Quart de Virage avaient fait circuler une pétition pour protester envers une exubérance un peu trop prononcée à leur goût... Comment se défendre sans nom? C'est alors qu'à la mi-temps, Marco, bien informé sur le mouvement Ultra' italien (il avait déjà montré aux autres des photos et des numéros de Supertifo), proposa le nom de COMMANDO ULTRA.
Pour la première fois en France, un groupe ULTRA faisait son apparition, même si la banderole n'apparut que bien plus tard (il est vrai qu'à l'époque le système de cotisations et de cartes n'existait pas encore et comme le souligne Marc "Plus tu étais mordu, plus tu dépensais de l'argent", autrement dit, si tu voulais que les Ultras aient un tambour, une bâche, tu le payais de ta poche). D'énormes fumigènes SNCF saluèrent cet instant magique, enflammant pour bien des années un stade qui avait enfin trouvé une seconde jeunesse.
Les ULTRAS naquirent dans la joie, même si l'OM s'inclina 2 à 0.
Alors, si tous les anciens, en se remémorant celà, me parurent très émus, ils ne souhaitent pourtant qu'une chose: que l'histoire continue...